mercredi 21 décembre 2011

"Vysotsky, merci d'être en vie"

   Pendant les deux premiers mois que j'ai passé ici, j'ai été atteinte de convulsions touristiques. Les syndromes sont assez facilement reconnaissables: envie irrépressible de sortir l'appareil photo de la poche, planification de centaines de voyages et de visites, découverte d'une passion insoupçonnée pour la culture du pays (et oui, j'ai même commencé à m'intéresser à l'histoire, qui l'eut cru?) et surtout appétit infini pour être sûre de ne pas passer à côté d'un de ces délicieux plats traditionnels... Peut être est-ce à cause de l'hiver qui arrive (même s'il a mis le temps) et qui me décourage de sortir les mains de ma poche pour prendre des clichés à tout va, ou peut être encore est-ce du à la baisse de moral qui s'est diffusé dans l'obshejitié à cause du départ d'une grande partie de sa population, mais maintenant je suis guéri de ce "trouble du comportement". Tout ça pour m'excuser de ne plus écrire aussi souvent sur mon blog et de ne pas vous émerveiller par des photos de ce pays si exotique. Cela dit, j'ai bien conscience que cette maladie était en fait une très bonne maladie. Après avoir pour la centième fois répété à la femme de ménage que cela allait de soi, nous nettoyons bien après chaque passage dans la cuisine et dit au revoir au dernier italien encore présent ici, j'ai donc pris le temps d'aller voir le musée de Vysotsky aujourd'hui pour fuir l'ambiance un peu moribonde qui règne dans les couloirs déserts de la résidence. 


   Mon intérêt pour Vladimir Vysotsky est né en cours de sociologie, alors que le prof avait décidé de nous faire un cours sur ce chanteur et acteur soviétique. Tout au long du diaporama qu'il nous présentait, je me suis laissée captiver par les chansons qui l'accompagnaient. L'artiste est né en 1938 et mort en 1980. Pour moi, Vladimir Vysotsky est un peu à la Russie ce que Renaud est à la France. D'une voie aussi éraillée que mon idole française, il déclame des textes poignants sur des sujets très variés, faisant autant l'éloge de l'amour que l'hommage aux guerriers morts au front. Dans un style aussi  populaire que M. Sechan, il mêle dans sa poésie sentiments et humour. Il ne mâche pas non plus ses mots, et le pouvoir, le jugeant trop gênant, lui mettra d'ailleurs plusieurs bâtons dans les roues. Son mariage avec Marina Vlady, une française d'origine russe rencontrée à Moscou alors qu'ils jouaient tous les deux au théâtre Tagansky, lui permettra cependant de voyager et de se rendre à Paris à plusieurs reprises. Mais il ne restera jamais bien longtemps loin de son pays natal. Dernière triste ressemblance enfin, les meilleurs artistes s'avèrent être les plus sensibles et traversent souvent des périodes difficiles. Vladimir Vysostky ne fait pas d'exception à la règle et son refuge dans l'alcool ainsi que ces états d'âme lui vaudront une crise cardiaque et un départ dans l'anonymat.


   Le film russe "Vysotsky, merci d'être en vie" sorti le 1er de ce mois, retrace d'ailleurs une partie de sa vie, durant laquelle il flirtait d'un peu trop près avec la drogue... Malheureusement, je serais incapable de vous en dire plus sachant que je n'ai pas compris la moitié du film...

samedi 10 décembre 2011

Un pas de trop pour le parti "Russie unie"...

   Alors que la conférence de Durban me paraissait un bel exemple d'hypocrisie puisque même l'hiver russe est doux cette année et que malgré mon optimisme sans faille, je commençais a désespérer de la situation climatique mondiale, la neige a finie par pointer le bout de son nez à Moscou... Mais à peine, juste de quoi rappeler au Kremlin la couleur de la révolution que le peuple mène d'une main (qu'il veut) ferme en ce moment. En effet, les contestataires des élections législatives qui ont eu lieu dernièrement arboraient ce samedi 10 décembre un ruban blanc. Car le parti de Poutine "Russie unie" l'a une fois de plus remporté avec un score de 49,54%, mais dès l'annonce des résultats, le Web russe a été assailli d'une agitation énorme, et le soir même défilaient dans les rues des milliers de jeunes en colère. Les fraudes semblent visibles comme le nez sur le visage de Poutine... Tous les mécontents s'accordent à penser que "Russie unie" aurait obtenu à peu près 30% des voix et non un peu moins de 50 comme il a été officiellement déclaré. Cela étant dit, la manifestation de ce samedi a quand même été autorisé. Mais le gouvernement a continué d'appliquer une politique répressive et a encadré la mobilisation d'une manière qui ne laissait aucun doute sur la liberté de l'individu en Russie... Dans la totalité du pays plus de 1600 opposants ont déjà été arrêtés.



   Alors que la police a estimé à 2000 personnes le nombre de manifestants, les leaders du mouvement de contestation quant à eux en ont dénombré plus de 4000. 

On distingue mal sur cette photo la foule qui s'étend de la place Bolotnaïa, à gauche du pont jusqu'à la rue de droite.

   En réalité, il est difficile de se rendre compte du nombre de mobilisés lors d'une manifestation, je peux seulement dire que lorsque j'étais au milieu de cette foule, composée de tous les partis opposants à "Russie unie" ainsi que de simples babouchkas harassées par un régime autoritaire ou d'étudiants désireux de liberté, je sentais une réelle force qui émanait d'elle. 

  
 "Ces élections sont comme la feuille de vigne* qui ne peut dissimuler la honte!" 
"Mr Poutine! Si vous pensez que nous sommes un troupeau de moutons, vous vous trompez profondément!"


   Et même si on se doute bien que les revendications de ces gens ne sont pas prêtes d'être satisfaites en voyant ces centaines de militaires et de policiers armés jusqu'au cou à l'affut du moindre geste en trop, on peut quand même espérer que la plus grosse manifestation contre le régime Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000 conduira à une amélioration. La révolte nécessitera surtout du temps, mais les meneurs semblent déterminés à ne pas baisser les bras avant d'avoir obtenu le recompte des voix, la démission de Tchourov (président de la commission électorale centrale) ainsi que la remise en liberté des interpellés. Si j'ai bien compris (permettez moi de douter de ma compréhension du russe), une autre manifestation est déjà prévu pour le 17 ou le 18 décembre. Et le peuple scandait à tue tête: "Nous reviendrons!". A noter qu'à l’ère de l'informatique, toute l'organisation de ce mouvement se fait par le biais des réseaux sociaux tels que Facebook ou Vkontakte (l'équivalent du Facebook russe).

  "Vous n'avez pas voulu nous écouter, nous vous forcerons à nous voir"

* Référence métaphorique à la Genèse biblique, où Adam et Ève utilisent une feuille de figuier pour dissimuler leur nudité. En français, l'expression est devenu "feuille de vigne".

jeudi 24 novembre 2011

Dans la ville de Pierre le Grand, j'ai laissé mon nez...

   Qui a dit que les trains de nuit russes étaient inconfortables? Peut être est ce du aux innombrables nuits que j'ai passé à même le sol dans une tente ou dans un refuge à essayer de trouver la position idéale pour dormir, mais la couchette du train qui m'emmenait à Saint-Pétersbourg me semblait digne d'un hôtel trois étoiles. Pour que vous puissiez comprendre, il faut que je vous fasse part d'une anecdote. Alors que j'étais en train d'installer mes draps sur cette couchette pas si dure à mon goût avec cette espèce de couverture très épaisse par dessus, Bruno m'a fait remarqué que cette même couverture était en fait un matelas... C'est là que j'ai réalisé que j'étais dans un train de luxe! Il faut dire qu'après avoir payer 20 roubles pour faire ses besoins dans des toilettes très sales et très "ouvertes" (la plupart des toilettes en Russie ont une porte très basse, permettant de voir la tête des gens qui sont en train d'uriner)à la gare de Leningrad, on ne s'attend pas à un tel confort.


   Vers 9 heures du matin, nous voila donc arrivéс à bon port. Après avoir déposé les bagages à l’hôtel, nous sommes aussitôt ressorti dans le froid. Inutile de vous dire que la première chose que nous avons fait, c'est de nous précipiter à l'Ermitage, qui se trouvait à deux pas de notre hôtel!


   De l’extérieur, le majestueux édifice se laissait un peu intimidé par les nuages, mais à l’intérieur, le mauvais temps ne l’empêchait pas de révéler toute sa beauté.


   Malgré son titre de plus grande collection mondiale d'objets d'art et de valeur, une fois de plus, j'ai été plus absorbéе par les plafonds et les murs que par les œuvres exposées... Certaines salles étaient effectivement magnifiques, au détriment des tableaux que mon regard délaissait... Il est intéressant de noter, et j'en fait une remarque générale, que la culture française tient une grande place en Russie. L'Ermitage en est ainsi un exemple notoire, puisqu'une grande partie du musée est consacréе aux peintres français tels que Matisse, Van Gogh, Renoir ou encore Picasso. 

   Mais bien que l'Ermitage soit de renommée mondiale, cette ville réserve encore bien des surprises... Faisons un arrêt ici pour ceux et celles qui ne connaitraient pas bien la trépidante histoire de Saint-Pétersbourg. C'est en 1703 que Pierre le Grand démarre avec conviction le projet faramineux de construire une ville sur les marais du Golfe de Finlande. Inutile de dire que la construction de cette ville a nécessité un travail inimaginable et à causé la mort de nombreux ouvriers. C'est sur la forteresse Pierre et Paul, sur l'île Petrogradskaya que ce tsar colérique et capricieux pose la première pierre de sa ville. L'endroit était idéal dit on car la Neva y était alors large, permettant ainsi à sa Majesté de s'adonner pleinement à sa passion navale. La porte de la Neva, seule ouverture de la forteresse qui donne sur le fleuve, donne donc sur une vue magnifique de la ville. C'est d'ici que les prisonniers étaient embarqués vers leur dernière galère...


   Alors la plèbe n'a qu'à bien se tenir!


   Après cette bonne dose de culture, j'ai rejoint des amis français dans un bar assez sympa. Nous étions donc assez nombreux puisque mes deux camarades de Grenoble étaient accompagnés de leurs amis français et moi même toujours suivie par toute ma bande d'italiens et de belges. La soirée a été exceptionnelle, surtout parce que parler français m'a fait beaucoup de bien. Et peu de temps après, un garçon nous a enrôlé dans un tournoi de baby-foot avec une girafe de trois litres de bière à la clé. La France s'est donc allié à l'Italie pour former une équipe qui portait dignement mon nom. C'est ainsi que l'équipe "Djidji" a fièrement remporté ce superbe prix.


    Le samedi matin, bien reposée de cette soirée mouvementée, nous avons poursuivi notre séjour pétersbourgeois par la visite de la cathédrale St Isaac. Cette cathédrale n'a rien d'ordinaire. Déjà, sa structure en métal était une conception nouvelle à l'époque. Et même si ça en fait peut être une prouesse technologique, en aucun cas on ne peut parler de finesse et de beauté architecturales.  Car cette église est aussi froide que gigantesque. Après avoir subi plusieurs transformations (la première version, dans laquelle se marièrent Pierre le Grand et Catherine Ière, était en bois) et une destruction par la foudre, c'est Auguste de Montferrand, un jeune français de 28 ans, qui accepte la mission impossible lancée par Alexandre Ier en 1817. Ne possédant même pas le diplôme d'architecture, il se lance donc dans cette construction folle sur des sols marécageux... Et ce qui devait arriver arriva, l'église s'affaisse. Mais ne restons pas sur cet échec, il se fait ensuite aider et pas moins de 24000 troncs de mélèze servirent à stabiliser le sol.


   A deux pas de la cathédrale se trouve le célèbre Cavalier de bronze, une statue très imposante réalisée par le sculpteur français (encore un!) Falconet sous le règne de Catherine II. Le cheval symbolise l'Empire, mené avec force par le tsar, et le serpent qui semble agoniser sous les sabots de l'étalon incarne ses ennemis. Les chiffres suivants m'ont particulièrement marqué: le piédestal du Cavalier de bronze, en granit, pèse 1600 tonnes et a été trouvé à 10 kilomètres de Saint-Pétersbourg. Il a fallut 9 mois et 400 hommes pour l'acheminer vers son emplacement actuel!


   Après une crêpe et une soupe au fromage à Peremok (encore une de ces chaines de self cantines russes, mais cette fois ci avec un énorme choix de blinis, comme on dit ici), nous avons visité le musée ethnographique. Les centaines d'ethnies qui la composent font de la Russie un pays très diversifié. Ce musée a pour objectif de présenter toutes ces populations, leur origine ainsi que le mode de vie qu'ils adoptaient au XIXème siècle. On peut découvrir une collection très importante de costumes traditionnels. Avec un chocolat chaud dans les mains à la sortie du musée, nous nous sommes baladé dans le jardin Mikhailovski puis sur le Champ de Mars (non pas celui de Paris, en tout cas je crois pas, j'ai pas vu la Tour Eiffel).


  C'est déjà la fin de la journée, et nous sommes épuisés... Mais pas de temps à perdre, dès le lendemain, après avoir rendu les clés de la chambre d'hôtel, nous avons profité de cette dernière journée (cette fois ci ensoleillée!) pour monter sur la colonnade de la cathédrale St Isaac, d'où la vue est imprenable sur la ville:

   Et aujourd'hui l'Ermitage rayonne enfin à la lumière du soleil:

   Nous sommes ensuite allé voir le plus joli pont de Saint-Pétersbourg, aux quatre coins duquel se dressent quatre sculptures équestres merveilleuses. 


   Mais ce que j'ai surtout retenu, c'est que le fondeur a légèrement modifié un détail de l’œuvre. Ainsi, sur l'un des testicules et au bout de la verge d'un des chevaux, on peut observer le profil de Napoléon... Il faut dire qu'en 1840, les Russes ne portaient pas l'ex-empereur dans leur cœur.


   Nous avons ensuite pris le métro pour faire un saut au monastère Alexandre Nevski, à coté duquel se trouve le cimetière des artistes. Ici sont enterrés des vrais maitres, tels que Dostoïevski ou encore Tchaïkovski.


   Cette rue, portant le nom de l'architecte italien Rossi qui en est l'auteur, apparait dans un de mes films préférés: Les poupées russes de Cédric Klapisch. Il y est dit qu'elle est la rue aux proportions idéales. Pour moi un peu trop hégémonique, mais tout de même Romain Duris a posé ses pas dans cette rue! Après toute cette excitation, une nuit frileuse dans le train qui nous a ramené à Moscou a fini de puiser ma réserve d'énergie.

mercredi 16 novembre 2011

Une journée de liberté...

   Mon professeur de traduction étant absent aujourd'hui, j'avais toute ma journée de libre. J'ai donc profité du ciel bleu pour aller me balader au parc de Vorobevi gori. Au bout de ce parc se trouve un monastère, et oui encore un, et même si je pensais que j'avais eu ma dose de bâtiments religieux pour un mois, je dois admettre que le calme qui règne dans ces lieux spirituels fait toujours un bien fou. 


   A coté de ce monastère, je me suis retrouvé émerveillée comme une enfant  devant un étang gelé.


   Et puis l'excitation m'a tellement gagné que je me suis même permis de monter sur un bateau. Et on dira que moi je suis le capitaine!


mardi 15 novembre 2011

Le plein de culture


   Cette semaine, je suis allé voir la pièce de théâtre "Le Maitre et Marguerite". C'est l'adaptation de mon roman russe préféré, donc ce n'est pas rien de dire que je trépignais d'impatience... Mais malheureusement, j'ai été assez déçue de l'interprétation du chef d’œuvre de Boulgakov. Avant tout, pour comprendre mon manque d'enthousiasme, il faut savoir que "Le Maitre et Marguerite" est constitué de deux histoires. L'intrigue principale tourne autour de l'arrivée du diable à Moscou et du désordre qu'il crée dans la ville. Toutes les péripéties qu'il engendre, à l'aide de son excentrique escorte, ne se présentent pas comme sordides dans le roman, mais plutôt comme une suite d'évènements comiques et burlesques. Et au milieu de ce chaos coloré, le Maitre, qui donne son nom au roman avec sa bien aimée, est l'auteur d'un roman historique sur Jésus Christ et Ponce Pilate. Ce dernier est donc la deuxième partie du roman. Et j'apprécie beaucoup moins ces passages. Cependant, cette partie avait une place très importante dans la pièce et le reste était interprété d'une manière sombre. Alors que dans ma tête, le récit est fait d'une satire politique renversante et d'un récit fantastique plein de couleurs, le metteur en scène place ces personnages dans un décor très noir...


   Le Cirque du soleil, quand à lui, ne m'a pas tant déçu ... Thibault me disait que j'allais en "prendre plein les mirettes", et le show a effectivement été à la hauteur de mes attentes. La seule critique, qui reste en outre strictement personnelle, porte sur la musique, que j'ai trouvé inadaptée au monde du cirque (entre le jazz et le rock...). Un numéro de claquettes mélangé à des sortes de bolas bruyantes mais disgracieuses a aussi réussi à me sortir de la magie du moment. Mais tout le reste était merveilleux, les clowns étaient drôles à souhait, les équilibristes et autres circassiens habiles de leur corps offraient un spectacle époustouflant, courant, sautant et grimpant par ci par là dans leurs costumes multicolores. Une vague d'énergie se déploie sur la scène pendant un peu moins d'une heure, et on regrette presque de ne pas avoir quelques paires d'yeux en plus pour ne rien louper. Le mot "cirque" prend une autre tournure lorsqu'on sort du Cirque du Soleil. Le mélange de rire, d'adrénaline et d'émerveillement est parfaitement dosé. Un homme entreprend des acrobaties époustouflantes sur un vélo en marche, deux femmes accomplissent des figures sur un trapèze comme si c'était un jeu d'enfant, un mime rend la foule en délire d'un simple geste anodin et j'en passe et des meilleurs...


   Enfin, pour compléter cette semaine forte en émotions, je suis retournée faire la queue (cette fois ci sans avoir les pieds gelés grâce à mes nouvelles bottes fourrées!) afin d'obtenir un ticket pour l'opéra italien "Tosca". Il avait lieu sur la nouvelle scène du Bolshoï teatr, une salle un peu plus petite que le Bolshoï lui même mais tout aussi belle et dorée. Ça m'a tellement plu que je pense être devenue définitivement accro aux opéras. Les traductions en russe s'affichant sur un écran étaient très accessibles et j'ai compris l'histoire sans aucune difficulté. Toutefois, des problèmes techniques empêchaient souvent de suivre le cours du dialogue. Mais rien de tel qu'un opéra pour se détendre tout en pratiquant son russe!


   Et après ça, j'ai fini ma soirée chez Moumou, une chaîne de restaurants russe sur le principe du self service où l'on peut déguster un repas traditionnel pour moins de 5 euros... Je me suis même payer le luxe de monter sur la vache que l'on croise toujours à l'entrée. La vie est belle!

lundi 7 novembre 2011

Большой театр!

   Bolshoï signifie grand en russe, et le Bolshoï teatr, mondialement connu, porte très bien son nom. En effet, sa haute façade à huit colonnes domine dignement la place des théâtres.


   Et depuis le temps que j'en entends parler, je n'aurais jamais imaginé pénétrer un jour à l’intérieur, encore moins y voir un opéra, mais cette année à Moscou se révèle pleine de surprises... Grâce à un ami italien très informé de ce qui se passe dans la capitale russe, nous avons appris que le Bolshoi vendait une soixantaine de places à des étudiants pour seulement 100 roubles (2,50 euros). Ni une ni deux nous voila donc à 9 heures du matin devant les caisses pour être surs d'avoir une place. Un étudiant téméraire a déjà pris l'initiative de commencer une liste, et il fait office de gardien de cette même liste. Nous sommes dans les trente premiers noms, et nous n'avons plus qu'à revenir un peu plus tard. A 17h, une foule s'est déjà formé devant les caisses, une voix s'en échappe, essayant de mettre un peu d'ordre dans cette agitation. Un étudiant tout à fait jovial a ainsi pris les commandes pour éviter l'engorgement des caisses. Après deux heures d'attente dans la queue, c'est donc complétement frigorifiés mais rayonnants que nous regardions sans trop y croire les billets dorés que nous tenions dans nos mains. Et à 19h, nous étions encore plus ébahis devant le spectacle qui s'offrait à nos yeux...



   Même les rideaux attirent le regard, avec leur insigne de la Russie brodé au fil d'or...




   L'opéra que nous avons eu la chance de voir s'appelle "Rouslan et Lioudmila". Le début est tel que je m'imaginais l'opéra: des costumes traditionnels, une histoire d'amour romantique et des chants aigus...

   Mais très vite, le contemporain a repris toute sa place dans notre XXIème siècle, à partir du moment où un des personnages est monté sur une table pour se mettre torse nu...


   Plus tard, il y avait même des femmes nues qui couraient sur la scène, après un acte qui se déroule dans un harem, pour le plus grand plaisir des garçons... Pourtant, cet opéra est un des plus classiques du pays et ne prête pas à ce genre de situations. L'action se déroule en fait dans la Russie médiévale du IXème siècle. La princesse Lioudmila est enlevée par un magicien durant son banquet de mariage. Son aimé Rouslan, après bien des épreuves, vient à bout du magicien et épouse Lioudmila. Mon ami russe Anton que j'ai justement rencontré au Bolchoi teatr me l'avait bien dit: "В конце всё будет хорошо!" (Tout finira bien!). Mais le changement de styles entre chaque scène reste tout de même très surprenant.


jeudi 27 octobre 2011

Comme un début d'attachement...

   Ma maman veut voir le blanc mais aussi le noir, le beau mais aussi le laid de la Russie, les magnifiques églises comme les routes polluées à dimension inhumaine... Bref, elle m'a demandé de ne pas lui voiler la face et de montrer la ville de Moscou telle qu'elle l'est vraiment, sous tous ses aspects. En cette journée couverte, je suis donc sorti avec en tête l'idée de prendre des photos de toutes ces monstruosités pour les montrer à ma mère. Et je n'ai pas eu besoin d'aller bien loin:


   Ce qui me déplait le plus à Moscou, ce sont les longues routes à 8 voies qui traversent la ville. Il y a très peu de passages piétons, la plupart du temps il faut traverser par des tunnels sous la route. Mais ils sont souvent très loin les uns des autres.


   On distingue très mal cette photo, mais cette vue a été prise d'un tunnel magnifique reliant à la Cathédrale du Christ Saint Sauveur. C'est donc à 100 mètres de ce lieu aussi époustouflant que touristique qu'on peut voir trois chiens attendant leurs maitres devant la porte d'un habitat de fortune en tôle.


   Et bien sur, je n'oublierais pas le cliché de l'usine fumante...


   Mais je reconnais que je ne suis pas resté longtemps très sceptique sur le charme de Moscou aujourd'hui. Parce qu'effectivement, à deux pas de la route grouillante de voitures, j'ai pénétré dans le parc qui entoure la nouvelle galerie Tretiakov. Un havre de paix en plein milieu de la ville et à dix minutes de l'obshejitié, il ne m'a pas fallu longtemps pour m'y attacher. Dans un silence reposant, je me suis baladé dans ces allées, où chaque sculpture est un spectacle. Dans un coin, une vielle dame nourrissait les oiseaux du parc, lorsqu'elle a remarqué que je l'observais avec reconnaissance, elle m'a adressé un large sourire édentée. 


   On peut même observer des amoureux qui se bécotent non pas sur les bancs publics, mais sur l'une des nombreuses balançoires qui renforcent le coté enfantin du parc. Car effectivement, cet endroit a vraiment un goût de conte de fée.





   Après m'être réconcilié avec ma ville actuelle, je suis donc allé voir la très imposante statue de Pierre le Grand. Ce monument m'intriguait énormément, car Pierre le Grand, fondateur de Saint-Pétersbourg, détestait Moscou. Sa présence ici est donc plutôt étrange... En fait, c'est l'artiste russo-géorgien Tsereteli qui avait érigé un Christophe Colomb de 94 mètres de hauteur, mais les Américains l'ont trouvé tellement laide qu'ils l'ont refusé. Tsereteli a donc remplacé la tête par celle du célèbre tsar. C'est pour cette raison qu'il est affublé de vêtements anachroniques du XVème siècle et que les bateaux ressemblent curieusement aux caravelles espagnoles!

lundi 24 octobre 2011

Pas si triste que ca...

   Dans mon dernier article, je finis sur une conclusion un peu trop sceptique à propos de Moscou. Cette ville n'est pas si morbide que ça, et d'ailleurs je suis vraiment mal placée pour parler de tristesse... L'ambiance qui règne ici est indescriptible, tout simplement, mais pour essayer de transmettre mes impressions, dressons le tableau des habitants de l'obshejitié:

   Bien sur, nous commencerons par parler de la mascotte de la résidence: Anton. Un taiwanais que tout le monde adore, qui pose toujours des questions à tout le monde juste parce qu’il a un cœur plus gros que lui et qu'il ne pense qu'aux autres. Anton qui tous les jours vient boire le thé chez moi, parce qu’il parait que je suis la seule à réussir à mettre un sachet de thé dans de l'eau chaude. Il appelle ce geste "préparer le thé avec amour" et me surnomme maintenant samovar, ce qui est pour ceux qui ne le savent pas un énorme instrument traditionnelle russe pour faire le thé. Bref, Anton qui donne le sourire à tout le monde sans s'en rendre compte dès qu'il rentre dans une pièce.


   Anton qui pense maintenant que les français sont fous...

   Mais on ne peut pas parler d'Anton, sans parler de Selien, ma colloc belge. La seule personne avec qui je parle de tout, parce que non seulement on vit ensemble, mais en plus elle sait très bien parler français. Selien qui ne sait pas cuisiner, qui l'admet elle même et qui adore quand je mange avec elle parce que ça change des nuggets surgelés... Selien qui est toujours la pour moi!



   Et derrière, c'est Christophe, belge aussi. Celui qui m'apprend à parler anglais et qui en profite pour pratiquer son français avec moi.

   Les soirées à l'obshejitié sont donc assez joyeuses, car comme le dit le proverbe, plus on est de fous, plus on rit! 




    Tous les autres sont italiens... et adorables!

Week end mystique...

   Huit étudiants des quatre coins de l'Europe somnolant sur les banquettes inconfortables du métro moscovite à 6 heures du matin, je vous laisse imaginer à quoi nous ressemblions... Le lever a été difficile, c'est vrai, mais à la fin du week end, je ne l'ai pas regretté! Nous avions un bus pour Vladimir (à l'est de Moscou) à 7h45, et le trajet a duré 4 heures. Arrivé là bas, nous avons grimpé sur une colline, dont la présence était surprenante dans ce paysage si plat, pour accéder au centre ville. Mais il y avait beaucoup de vent...


   De là, nous avons pu visiter le monastère, l'église et le musée d'Histoire. Selon les coutumes orthodoxes, les femmes doivent se couvrir la tête en entrant dans les lieux saints. Je commence à m'y habituer, mais je me souviens qu'au début, je ressentais toujours une sensation désagréable.


   Mais Vladimir n'est pas si magnifique que ça, disons qu'on ne voit pas beaucoup la différence avec Moscou. Des bâtiments gris, des grandes routes trop empruntées, et au milieu de toute cette atmosphère purement urbaine, quelques beaux édifices religieux. J'étais donc plutôt soulagée lorsque nous avons grimpé dans un autre bus pour Souzdal. Après 50 minutes de route, nous sommes arrivé alors que la nuit était déjà tombé. Pour trouver l'hôtel, nous avons du demandé notre route. Et j'ai tout de suite vu la différence, les gens étaient beaucoup plus agréables qu'à Moscou, ce qui s'est largement confirmé par la suite. Et ce n'est pas tout, cette ville est véritablement un havre de paix. La nature est présente partout, des poules courent dans les rues, une rivière traverse tranquillement la ville...





   Autant dire que ce week-end a été très ressourçant pour moi. Il existe 10 monastères à Souzdal, donc beaucoup de belles choses à voir.


   Le soleil a même pointé le bout de son nez, le temps qu'on puisse se réchauffer un petit peu...


   Nous avons pris tous nos repas dans un restaurant appelé "Chakhvenia", ou tous mes sens ont eu l'immense plaisir de gouter aux plats russes les plus typiques. La borshtsh est une soupe de betteraves succulente, le schshi est une soupe aux choux tout aussi gouteuse (les russes sont des adeptes de la soupe!). Mais j'ai aussi mangé du poulet aux champignons et du porc au fromage et aux pruneaux... J'arrête de parler de nourriture, j'en ai l'eau à la bouche. Ce qui donne surtout du charme à cette ville, c'est les maisons en bois toutes aussi belles les unes que les autres.


   A la fin de la journée, nous avons regagné l’hôtel en coupant à travers un champ. Et derrière nous se dressait ce magnifique panorama de fin de journée:


   A l'hotel, nous avions un dortoir pour huit, et une cuisine à disposition de tous les clients. Le samedi, un groupe d'étudiants américains est arrivé, suivi d'une australienne soixantainère qui fait le tour du monde et de deux britanniques qui travaillent comme profs d'anglais à Moscou. Nous étions donc en très bonne compagnie et la soirée s'est fini tard dans la nuit. Le dimanche matin, c'est avec une boule au ventre que nous avons repris le bus pour rentrer à l'obshejitié, dans notre ville grise et triste...