jeudi 24 novembre 2011

Dans la ville de Pierre le Grand, j'ai laissé mon nez...

   Qui a dit que les trains de nuit russes étaient inconfortables? Peut être est ce du aux innombrables nuits que j'ai passé à même le sol dans une tente ou dans un refuge à essayer de trouver la position idéale pour dormir, mais la couchette du train qui m'emmenait à Saint-Pétersbourg me semblait digne d'un hôtel trois étoiles. Pour que vous puissiez comprendre, il faut que je vous fasse part d'une anecdote. Alors que j'étais en train d'installer mes draps sur cette couchette pas si dure à mon goût avec cette espèce de couverture très épaisse par dessus, Bruno m'a fait remarqué que cette même couverture était en fait un matelas... C'est là que j'ai réalisé que j'étais dans un train de luxe! Il faut dire qu'après avoir payer 20 roubles pour faire ses besoins dans des toilettes très sales et très "ouvertes" (la plupart des toilettes en Russie ont une porte très basse, permettant de voir la tête des gens qui sont en train d'uriner)à la gare de Leningrad, on ne s'attend pas à un tel confort.


   Vers 9 heures du matin, nous voila donc arrivéс à bon port. Après avoir déposé les bagages à l’hôtel, nous sommes aussitôt ressorti dans le froid. Inutile de vous dire que la première chose que nous avons fait, c'est de nous précipiter à l'Ermitage, qui se trouvait à deux pas de notre hôtel!


   De l’extérieur, le majestueux édifice se laissait un peu intimidé par les nuages, mais à l’intérieur, le mauvais temps ne l’empêchait pas de révéler toute sa beauté.


   Malgré son titre de plus grande collection mondiale d'objets d'art et de valeur, une fois de plus, j'ai été plus absorbéе par les plafonds et les murs que par les œuvres exposées... Certaines salles étaient effectivement magnifiques, au détriment des tableaux que mon regard délaissait... Il est intéressant de noter, et j'en fait une remarque générale, que la culture française tient une grande place en Russie. L'Ermitage en est ainsi un exemple notoire, puisqu'une grande partie du musée est consacréе aux peintres français tels que Matisse, Van Gogh, Renoir ou encore Picasso. 

   Mais bien que l'Ermitage soit de renommée mondiale, cette ville réserve encore bien des surprises... Faisons un arrêt ici pour ceux et celles qui ne connaitraient pas bien la trépidante histoire de Saint-Pétersbourg. C'est en 1703 que Pierre le Grand démarre avec conviction le projet faramineux de construire une ville sur les marais du Golfe de Finlande. Inutile de dire que la construction de cette ville a nécessité un travail inimaginable et à causé la mort de nombreux ouvriers. C'est sur la forteresse Pierre et Paul, sur l'île Petrogradskaya que ce tsar colérique et capricieux pose la première pierre de sa ville. L'endroit était idéal dit on car la Neva y était alors large, permettant ainsi à sa Majesté de s'adonner pleinement à sa passion navale. La porte de la Neva, seule ouverture de la forteresse qui donne sur le fleuve, donne donc sur une vue magnifique de la ville. C'est d'ici que les prisonniers étaient embarqués vers leur dernière galère...


   Alors la plèbe n'a qu'à bien se tenir!


   Après cette bonne dose de culture, j'ai rejoint des amis français dans un bar assez sympa. Nous étions donc assez nombreux puisque mes deux camarades de Grenoble étaient accompagnés de leurs amis français et moi même toujours suivie par toute ma bande d'italiens et de belges. La soirée a été exceptionnelle, surtout parce que parler français m'a fait beaucoup de bien. Et peu de temps après, un garçon nous a enrôlé dans un tournoi de baby-foot avec une girafe de trois litres de bière à la clé. La France s'est donc allié à l'Italie pour former une équipe qui portait dignement mon nom. C'est ainsi que l'équipe "Djidji" a fièrement remporté ce superbe prix.


    Le samedi matin, bien reposée de cette soirée mouvementée, nous avons poursuivi notre séjour pétersbourgeois par la visite de la cathédrale St Isaac. Cette cathédrale n'a rien d'ordinaire. Déjà, sa structure en métal était une conception nouvelle à l'époque. Et même si ça en fait peut être une prouesse technologique, en aucun cas on ne peut parler de finesse et de beauté architecturales.  Car cette église est aussi froide que gigantesque. Après avoir subi plusieurs transformations (la première version, dans laquelle se marièrent Pierre le Grand et Catherine Ière, était en bois) et une destruction par la foudre, c'est Auguste de Montferrand, un jeune français de 28 ans, qui accepte la mission impossible lancée par Alexandre Ier en 1817. Ne possédant même pas le diplôme d'architecture, il se lance donc dans cette construction folle sur des sols marécageux... Et ce qui devait arriver arriva, l'église s'affaisse. Mais ne restons pas sur cet échec, il se fait ensuite aider et pas moins de 24000 troncs de mélèze servirent à stabiliser le sol.


   A deux pas de la cathédrale se trouve le célèbre Cavalier de bronze, une statue très imposante réalisée par le sculpteur français (encore un!) Falconet sous le règne de Catherine II. Le cheval symbolise l'Empire, mené avec force par le tsar, et le serpent qui semble agoniser sous les sabots de l'étalon incarne ses ennemis. Les chiffres suivants m'ont particulièrement marqué: le piédestal du Cavalier de bronze, en granit, pèse 1600 tonnes et a été trouvé à 10 kilomètres de Saint-Pétersbourg. Il a fallut 9 mois et 400 hommes pour l'acheminer vers son emplacement actuel!


   Après une crêpe et une soupe au fromage à Peremok (encore une de ces chaines de self cantines russes, mais cette fois ci avec un énorme choix de blinis, comme on dit ici), nous avons visité le musée ethnographique. Les centaines d'ethnies qui la composent font de la Russie un pays très diversifié. Ce musée a pour objectif de présenter toutes ces populations, leur origine ainsi que le mode de vie qu'ils adoptaient au XIXème siècle. On peut découvrir une collection très importante de costumes traditionnels. Avec un chocolat chaud dans les mains à la sortie du musée, nous nous sommes baladé dans le jardin Mikhailovski puis sur le Champ de Mars (non pas celui de Paris, en tout cas je crois pas, j'ai pas vu la Tour Eiffel).


  C'est déjà la fin de la journée, et nous sommes épuisés... Mais pas de temps à perdre, dès le lendemain, après avoir rendu les clés de la chambre d'hôtel, nous avons profité de cette dernière journée (cette fois ci ensoleillée!) pour monter sur la colonnade de la cathédrale St Isaac, d'où la vue est imprenable sur la ville:

   Et aujourd'hui l'Ermitage rayonne enfin à la lumière du soleil:

   Nous sommes ensuite allé voir le plus joli pont de Saint-Pétersbourg, aux quatre coins duquel se dressent quatre sculptures équestres merveilleuses. 


   Mais ce que j'ai surtout retenu, c'est que le fondeur a légèrement modifié un détail de l’œuvre. Ainsi, sur l'un des testicules et au bout de la verge d'un des chevaux, on peut observer le profil de Napoléon... Il faut dire qu'en 1840, les Russes ne portaient pas l'ex-empereur dans leur cœur.


   Nous avons ensuite pris le métro pour faire un saut au monastère Alexandre Nevski, à coté duquel se trouve le cimetière des artistes. Ici sont enterrés des vrais maitres, tels que Dostoïevski ou encore Tchaïkovski.


   Cette rue, portant le nom de l'architecte italien Rossi qui en est l'auteur, apparait dans un de mes films préférés: Les poupées russes de Cédric Klapisch. Il y est dit qu'elle est la rue aux proportions idéales. Pour moi un peu trop hégémonique, mais tout de même Romain Duris a posé ses pas dans cette rue! Après toute cette excitation, une nuit frileuse dans le train qui nous a ramené à Moscou a fini de puiser ma réserve d'énergie.

mercredi 16 novembre 2011

Une journée de liberté...

   Mon professeur de traduction étant absent aujourd'hui, j'avais toute ma journée de libre. J'ai donc profité du ciel bleu pour aller me balader au parc de Vorobevi gori. Au bout de ce parc se trouve un monastère, et oui encore un, et même si je pensais que j'avais eu ma dose de bâtiments religieux pour un mois, je dois admettre que le calme qui règne dans ces lieux spirituels fait toujours un bien fou. 


   A coté de ce monastère, je me suis retrouvé émerveillée comme une enfant  devant un étang gelé.


   Et puis l'excitation m'a tellement gagné que je me suis même permis de monter sur un bateau. Et on dira que moi je suis le capitaine!


mardi 15 novembre 2011

Le plein de culture


   Cette semaine, je suis allé voir la pièce de théâtre "Le Maitre et Marguerite". C'est l'adaptation de mon roman russe préféré, donc ce n'est pas rien de dire que je trépignais d'impatience... Mais malheureusement, j'ai été assez déçue de l'interprétation du chef d’œuvre de Boulgakov. Avant tout, pour comprendre mon manque d'enthousiasme, il faut savoir que "Le Maitre et Marguerite" est constitué de deux histoires. L'intrigue principale tourne autour de l'arrivée du diable à Moscou et du désordre qu'il crée dans la ville. Toutes les péripéties qu'il engendre, à l'aide de son excentrique escorte, ne se présentent pas comme sordides dans le roman, mais plutôt comme une suite d'évènements comiques et burlesques. Et au milieu de ce chaos coloré, le Maitre, qui donne son nom au roman avec sa bien aimée, est l'auteur d'un roman historique sur Jésus Christ et Ponce Pilate. Ce dernier est donc la deuxième partie du roman. Et j'apprécie beaucoup moins ces passages. Cependant, cette partie avait une place très importante dans la pièce et le reste était interprété d'une manière sombre. Alors que dans ma tête, le récit est fait d'une satire politique renversante et d'un récit fantastique plein de couleurs, le metteur en scène place ces personnages dans un décor très noir...


   Le Cirque du soleil, quand à lui, ne m'a pas tant déçu ... Thibault me disait que j'allais en "prendre plein les mirettes", et le show a effectivement été à la hauteur de mes attentes. La seule critique, qui reste en outre strictement personnelle, porte sur la musique, que j'ai trouvé inadaptée au monde du cirque (entre le jazz et le rock...). Un numéro de claquettes mélangé à des sortes de bolas bruyantes mais disgracieuses a aussi réussi à me sortir de la magie du moment. Mais tout le reste était merveilleux, les clowns étaient drôles à souhait, les équilibristes et autres circassiens habiles de leur corps offraient un spectacle époustouflant, courant, sautant et grimpant par ci par là dans leurs costumes multicolores. Une vague d'énergie se déploie sur la scène pendant un peu moins d'une heure, et on regrette presque de ne pas avoir quelques paires d'yeux en plus pour ne rien louper. Le mot "cirque" prend une autre tournure lorsqu'on sort du Cirque du Soleil. Le mélange de rire, d'adrénaline et d'émerveillement est parfaitement dosé. Un homme entreprend des acrobaties époustouflantes sur un vélo en marche, deux femmes accomplissent des figures sur un trapèze comme si c'était un jeu d'enfant, un mime rend la foule en délire d'un simple geste anodin et j'en passe et des meilleurs...


   Enfin, pour compléter cette semaine forte en émotions, je suis retournée faire la queue (cette fois ci sans avoir les pieds gelés grâce à mes nouvelles bottes fourrées!) afin d'obtenir un ticket pour l'opéra italien "Tosca". Il avait lieu sur la nouvelle scène du Bolshoï teatr, une salle un peu plus petite que le Bolshoï lui même mais tout aussi belle et dorée. Ça m'a tellement plu que je pense être devenue définitivement accro aux opéras. Les traductions en russe s'affichant sur un écran étaient très accessibles et j'ai compris l'histoire sans aucune difficulté. Toutefois, des problèmes techniques empêchaient souvent de suivre le cours du dialogue. Mais rien de tel qu'un opéra pour se détendre tout en pratiquant son russe!


   Et après ça, j'ai fini ma soirée chez Moumou, une chaîne de restaurants russe sur le principe du self service où l'on peut déguster un repas traditionnel pour moins de 5 euros... Je me suis même payer le luxe de monter sur la vache que l'on croise toujours à l'entrée. La vie est belle!

lundi 7 novembre 2011

Большой театр!

   Bolshoï signifie grand en russe, et le Bolshoï teatr, mondialement connu, porte très bien son nom. En effet, sa haute façade à huit colonnes domine dignement la place des théâtres.


   Et depuis le temps que j'en entends parler, je n'aurais jamais imaginé pénétrer un jour à l’intérieur, encore moins y voir un opéra, mais cette année à Moscou se révèle pleine de surprises... Grâce à un ami italien très informé de ce qui se passe dans la capitale russe, nous avons appris que le Bolshoi vendait une soixantaine de places à des étudiants pour seulement 100 roubles (2,50 euros). Ni une ni deux nous voila donc à 9 heures du matin devant les caisses pour être surs d'avoir une place. Un étudiant téméraire a déjà pris l'initiative de commencer une liste, et il fait office de gardien de cette même liste. Nous sommes dans les trente premiers noms, et nous n'avons plus qu'à revenir un peu plus tard. A 17h, une foule s'est déjà formé devant les caisses, une voix s'en échappe, essayant de mettre un peu d'ordre dans cette agitation. Un étudiant tout à fait jovial a ainsi pris les commandes pour éviter l'engorgement des caisses. Après deux heures d'attente dans la queue, c'est donc complétement frigorifiés mais rayonnants que nous regardions sans trop y croire les billets dorés que nous tenions dans nos mains. Et à 19h, nous étions encore plus ébahis devant le spectacle qui s'offrait à nos yeux...



   Même les rideaux attirent le regard, avec leur insigne de la Russie brodé au fil d'or...




   L'opéra que nous avons eu la chance de voir s'appelle "Rouslan et Lioudmila". Le début est tel que je m'imaginais l'opéra: des costumes traditionnels, une histoire d'amour romantique et des chants aigus...

   Mais très vite, le contemporain a repris toute sa place dans notre XXIème siècle, à partir du moment où un des personnages est monté sur une table pour se mettre torse nu...


   Plus tard, il y avait même des femmes nues qui couraient sur la scène, après un acte qui se déroule dans un harem, pour le plus grand plaisir des garçons... Pourtant, cet opéra est un des plus classiques du pays et ne prête pas à ce genre de situations. L'action se déroule en fait dans la Russie médiévale du IXème siècle. La princesse Lioudmila est enlevée par un magicien durant son banquet de mariage. Son aimé Rouslan, après bien des épreuves, vient à bout du magicien et épouse Lioudmila. Mon ami russe Anton que j'ai justement rencontré au Bolchoi teatr me l'avait bien dit: "В конце всё будет хорошо!" (Tout finira bien!). Mais le changement de styles entre chaque scène reste tout de même très surprenant.